Entre Cotonou et Niamey, on est loin du retour à la normale. Le président béninois a allumé la nouvelle mèche qui ravive les tensions entre les deux pays. Patrice Talon a mis un embargo sur l’exportation du pétrole brut nigérien qui débouche dans les eaux maritimes béninoises via un pipeline de 2 000 Km qui traverse les deux pays. En réaction, les Nigériens ont fait savoir qu’ils ne céderont pas aux menaces du président béninois.
Dans la matinée du samedi 11 mai, les autorités nigériennes ont répondu au président béninois. C’est le Premier ministre Ali Mahamane Lamine Zeine qui s’est chargé de l’exercice. Selon le chef du gouvernement de transition, par sa décision, Patrice Talon viole surtout les accords que le Bénin a signés avec la société publique chinoise qui exploite l’or noir du Niger.
Pour l’analyste politique et blogueur Harouna Illiassou, Patrice Talon se trompe de combat. Il rappelle que les échanges entre Cotonou et Niamey étaient estimés à près de 25% du produit intérieur brut (PIB) béninois. Et de commenter:
On ne peut pas savoir tout cela et être un opérateur économique aussi prépondérant que Patrice Talon, et finir par prendre une telle décision.
Cette plateforme est le point de chute du pétrole brut qui vient des champs pétroliers d’Agadem dans le sud-est du Niger. Ce brut transite par un pipeline de 2 000 Km dont plus de 600 Km traverse le territoire béninois.
La construction de l’infrastructure a coûté près de 2,5 milliards de dollars sur financement de la China National Petroleum Corporation (CNPC), la société chinoise qui exploite le pétrole nigérien.
M. Talon estime aussi que le Niger ne peut pas refuser d’ouvrir sa frontière terrestre avec le Bénin tout en voulant exploiter le territoire béninois pour exporter son pétrole.
Depuis le coup d’Etat qui a renversé le président Mohamed Bazoum en juillet 2023, les relations se sont dégradées entre le Bénin et le Niger. Au sein des Chefs d’Etat de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le président béninois a été l’un des tenants de la ligne dure contre les militaires qui ont renversé le régime Bazoum. Patrice Talon avait notamment soutenu la décision d’engager une action militaire contre le pouvoir du général Abdourahamane Tiani.
Malgré la levée des sanctions de la CEDEAO, les autorités nigériennes n’ont pas ouvert leur frontière terrestre avec Cotonou. Elles accusent le régime de Patrie Talon d’abriter des militaires français au Bénin dans le but d’attaquer le Niger, ce que le président béninois a formellement démenti.